La composition d’un téléphone portable est mystérieuse… On a vaguement entendu parler de terres rares, de lithium éventuellement, parfois de cobalt. Mais on sait rarement à quoi servent ces matières premières décriées, ni leurs impacts sociaux et environnementaux. Faisons ensemble un tour d’horizon des matériaux composant un téléphone portable, leur utilité et leurs conséquences.
Ici nous avons désossé, un téléphone Huawei P smart sortie en 2017.
Dans la même année, Greenpeace a reproché à Huawei sa conduite sur les questions environnementales. Si dans sa communication l’entreprise soutient les initiatives gouvernementales chinoises sur l’environnement, elle ne livre aucune donnée sur ses propres produits et ne semble pas conduire de politique industrielle liée au recyclage.
Si l’on se penche sur les caractéristiques de la Batterie Huawei original 2900mAh modèle HB366481ECW, nous remarquons qu’elle répond aux normes CE et ROHS (Restriction of the use of certain Hazardous Substances). La norme ROHS a été lancé par l’Union Européenne et mise en vigueur en 2006 afin d’interdire l’utilisation de plus de 10 matières dangereuses (plomb, mercure, cadmium…). Ses objectifs sont de réduire la pollution et les dommages environnementales causés lors du recyclage ou de l’élimination des déchets, mais aussi de réduire les risques pour la santé.
Principaux composants et leurs utilités :
- Le plastique et les matières synthétiques composent généralement la coque. Ils servent aussi d’isolants entre les circuits. Ces matériaux sont dérivés du pétrole.
- Le cuivre est utilisé dans les circuits imprimés pour conduire (transporter) l’électricité.
- Le verre et les céramiques sont intégrés dans l’écran.
- Les métaux occupent 1/3 de la carte électronique.
Les terres rares et leurs utilités :
- On trouve de l’indium dans l’écran, pour le rendre tactile. D’autres éléments rares permettent d’obtenir l’affichage de couleurs.
- L’écran est rétroéclairé grâce aux luminophores, qui sont à base de terres rares : europium, le terbium, le gallium, etc.
- La batterie contient le fameux lithium, dont les réserves sont limitées. Cette pièce stockant l’énergie demande également du cobalt et du graphite pour les électrodes, ainsi que de l’or dans ses connexions.
- La carte électronique a besoin de métaux précieux (argent, or, palladium), et terres rares (néodyme, praséodyme, gallium, germanium, etc.). On parle d’infimes quantités dans chaque téléphone. Multipliez ça par plus de 1,5 milliard de téléphones vendus chaque année et vous comprenez pourquoi on parle d’épuisement des ressources. D’ailleurs, nous allons y venir.
Impact environnemental des matières premières du high-tech :
- Une importante demande en énergie, fossile la plupart du temps.
- Des rejets de produits toxiques dans les eaux et les sols, impactant la biodiversité locale, mais aussi les habitants.
- Des émissions de gaz à effet de serre et de particules fines dans l’air.
Épuisement des ressources en terres rares sur les 70 matériaux composant le téléphone portable :
- Près d’une dizaine pourrait être épuisée dans les 100 prochaines années. C’est le cas de l’argent (Ag), le zinc (Zn), le gallium (Ga), le tantale (Ta), l’indium (In), etc.
- D’autres pourraient manquer encore plus rapidement, comme le cobalt (Co) et le dysprosium (Dy).
- D’autres encore sont déjà limités et présentent un risque d’approvisionnement, comme le nickel (Ni), le cuivre (Cu), l’or (Au), étain (Sn), lithium (Li), magnésium (Mg), etc.
Pour conclure, ce smartphone, comme tout autre appareil électronique, comporte divers matériaux. Bien qu’utiles, chacun a plus ou moins des impacts négatifs sur plusieurs points économiques, sociaux et environnementaux. Cela pose alors la question de la responsabilité des grands groupes dans la production de leur appareillages et de la transparence de la provenance des matériaux auprès de leur clientèle.
Le recyclage des déchets électroniques quant à lui, outre ses bienfaits du point de vue écologique et économique, pourrait devenir indispensable au fur et à mesure que la demande de matériaux augmente. Cette pratique est déjà en vigueur mais encore trop peu courante. À notre échelle nous pouvons aussi favoriser les appareils reconditionnés ou réparables.